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22/08/2013

Comment briser le consensus sur le chômage ?

 

Nous publions ci-dessous l'extrait d'un article toujours d'actualité du professeur Michel GODET Membre du Comité directeur de l’Institut Montaigne,paru dans le Figaro du 6-7 octobre 2012.

Jusqu’où ira la montée des chiffres du chômage ? Le seuil de trois millions a été à nouveau franchi comme en 1993. Pourtant avant  la crise financière de l’été 2008, le chômage baissait et était revenu autour de deux millions soit le niveau de 1981 !  Il avait d’ailleurs quadruplé entre 1974 et 1981. Tout a commencé à se dégrader après le choc pétrolier avec le financement du modèle social par le déficit public et la dette. Pendant  trente ans, il y a eu un consensus implicite pour ne rien changer à ce « modèle » qu’elles que soient les turbulences extérieures.

 En 2009, la France se vantait d’avoir ainsi de meilleurs amortisseurs de crise que l’Allemagne qui connaissait une régression de 5% de son PIB ! Avec le recul, il apparaît que nous avons maintenu une croissance artificielle avec la morphine de la dette qui s’est accrue de 500 milliards en cinq ans ! Même en 2010, notre croissance de 1,5% n’aurait pas dû faire illusion, elle a été financée par un déficit public de 7% du PIB qu’il faudra bien rembourser. 

 La perfusion n’est plus de mise depuis que la France s’est engagée à réduire ses déficits publics. La gauche au pouvoir est bien embarrassée : comment parvenir à ce résultat sans s’attaquer de front  à la dépense publique et à ses gaspillages. Augmenter les impôts ne suffira pas car les riches ne sont pas  assez riches et trop peu nombreux. Comment gagner la bataille de la compétitivité sans passer par un choc fiscal (financer les charges par l’impôt avec la CSG ou la TVA ) ? Comment remettre la France au travail sans passer par un choc idéologique : le recul de compétitivité de la France s’est accentué depuis 2001 avec la généralisation des 35 heures ?

 La France n’a pas à être fière de ses exceptions en Europe : dépense publique la plus  élevée, durée annuelle du travail par habitant la plus faible, taux d’emploi des jeunes et des seniors parmi les plus bas. 

 Le chômage augmente en France parce qu’il y a un consensus entre les acteurs dominants du jeu social pour ne rien changer aux règles sur le coût du travail, le salaire minimum, l’incitation à travailler, la protection des salariés. Les chômeurs constituent le maillon faible des rapports de force. Leur silence  est assourdissant comparé au bruit que font régulièrement certains groupes sociaux dans la rue.

 Pour briser le consensus sur le chômage  il faudrait : instaurer un contrat unique de travail  pour tous comme l’a suggéré l’Institut Montaigne  ; développer  fortement l’apprentissage et www.institutmontaigne.org le permettre à tout âge ;  remplacer le salaire minimum par  un revenu minimum  complétant par une prime à l’emploi les salaires insuffisants ; rendre l’indemnisation du chômage plus incitative à la reprise d’activité ; lever les freins à l’embauche  Enfin, sortir par le haut des 35 heures et du débat sur les retraites en instaurant un système à points  et à horloge : 70.000 heures de travail et de cotisations au cours de sa vie ( 42 ans X 1650 heures)  avec des surcotes et décotes  pour ceux qui font plus ou moins.

 C'est  l'activité qui crée la richesse et donc l’emploi  l'emploi : il faut donc travailler plus pour travailler tous : plus les fourmis s’activent, mieux les cigales vivent. Avec La suppression des heures supplémentaires défiscalisées on  vient de décourager neuf millions de fourmis à créer plus de richesses sans pour autant inciter vraiment les patrons à embaucher plus. Certaines compétences sont rares  et plusieurs centaines de milliers d’offres d’emplois restent sans preneurs.

 Tous les gouvernements de la France rêvent de pouvoir ramener le chômage autour de 5% et  6%  comme aux Pays Bas ou en Allemagne .Donnons une bonne nouvelle, ce miracle est aussi  une réalité en France aussi puisque le taux de chômage  de la Mayenne, du Pays de Vitré ou du Choletais vendéen ou encore de  l’Ain  est aussi de 5% à  6%. A défaut d’essayer ce qui marche à l’étranger. On pourrait reproduire à grande échelle ce qui a fait ses preuves chez nous. Dans La France des bonnes nouvelles  nous rapportons moult exemples qui ne demandent qu’à être suivis.  Citons Pierre Choux à Dijon avec son groupe ID’EES  qui remet en emploi-marchand des personnes déclarées « inemployables » par Pôle emploi : chaque personne réinsérée en moins d’un an  rapporte à la collectivité trois fois plus que le coût (6000€) de sa réinsertion. C’est plus efficace et moins cher que les emplois d’avenir qui vont coûter plus du double  et pendant trois ans, pour des jeunes  sans qualification qui risquent forts de rester dans le futur sans emploi et sans avenir.

 Les contrats de génération (le maintien sur place d’un ancien jumelé à l’embauche en CDI d’un jeune ) sont sur le papier  une idée nouvelle plus séduisante . Mais cela ne suffira pas et le chômage perdurera avec le consensus.

http://www.laprospective.fr

 

Toujours plus de diplômes...

 

Le consensus actuel en faveur des diplômes est lourd de conséquences pour la réussite d’une carrière. Il n’est pas un homme politique qui ne tienne ce discours : « les diplômés ont plus de chance de trouver un emploi que les non diplômés ». Sans préciser souvent que la plupart des diplômes ne mènent à rien et en tous cas pas à la carrière qui sera réellement suivie par le titulaire du diplôme. Seuls 18 % des salariés exercent un métier auquel leur diplôme était censé les préparer. C’est un immense gâchis et une perte pour les finances publiques qui dépasse le déficit de la Sécurité sociale de très loin.

Il est vrai qu’un diplôme donne un avantage concurrentiel dans certains métiers mais, si on raisonne globalement, cet avantage se fait au détriment de la majorité de la population puisque la grande majorité des diplômes n’ont pas d’incidence sur la capacité à trouver un emploi…

Plus le flux de nouveaux diplômés gonflera le stock de candidats à une promotion au niveau de cadre, plus cela diminuera la chance de chacun d’entre eux d’y parvenir. Les entreprises sont bien entendu incitées à trier en fonction des compétences réelles et à jouer la surenchère.

L’absurde inflation de bacheliers est un exemple de ce qu’il ne faudrait pas faire.

Mais le marché de la formation, initiale, universitaire ou continue, alimente tant de positions acquises et tant de forteresses diverses qu’il est et restera très difficile de changer tout cela…